Le Professeur Charles BINAM BIKOI, Directeur de recherche, professeur dans plusieurs universités africaines, est spécialisé dans les civilisations anciennes et la tradition orale dont il est un des pionniers dans l’enseignement et la recherche au Cameroun. Scientifique éclectique, il est notamment l’auteur de nombreuses publications consacrées à la littérature traditionnelle de l’Afrique, prise comme littérature tout court, et à laquelle il a contribué à donner ses lettres de noblesse.

Avant d’être Docteur de Troisième cycle en littérature générale et comparée et Docteur d’Etat ès lettres et sciences humaines des Universités de Bordeaux et de Yaoundé, il a obtenu un diplôme d’études approfondies en littérature générale et comparée puis un autre en ethnologie ainsi qu’un certificat international d’écologie humaine, tour à tour à l’Université Michel de Montaigne de Bordeaux III et à l’Université Victor Segalen de Bordeaux II. Dès le début de sa carrière de chercheur, les options académiques de Charles Binam Bikoï font de lui un des plus jeunes chercheurs à influencer par ses résultats les orientations académiques et pédagogiques du Cameroun, avec notamment la publication (avec le Professeur Emmanuel Soundjock) des Contes du Cameroun qui deviendront un des premiers recueils de littérature traditionnelle inscrits au programme scolaire national.

Dès 1975, il prend une part active aux efforts de mise en place d’un système de recherche crédible au Cameroun, avec la première session du Conseil national de la Recherche Scientifique et Technique. A cet effet, il travaille tour à tour à l’Institut national de l’éducation, à l’Office national de la recherche scientifique et technique, et à la Délégation générale à la recherche scientifique. La recherche dans le domaine des traditions orales faisant l’objet d’une approche régionale, il fait partie de l’équipe qui assure la participation du Cameroun à la création du CERDOTOLA en 1977. Chef de service des publications à la Délégation générale à la recherche scientifiques et technique en 1980, il a pour mission de créer l’édition scientifique au Cameroun et de mettre sur pied un centre de documentation. A partir de 1984, il occupe successivement au Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique les postes de Chef service de la coopération scientifique, de Chargé d’étude, et de Directeur de la coopération scientifique et technique, tout en étant Chercheur associé au C.N.R.S de France.

Coordonnateur national du projet FAO/Banque mondiale pour la Restructuration du Système national de recherche agronomique du Cameroun, il conduit la réalisation d’un Plan à long terme puis d’un Plan à moyen terme de développement de ce secteur et pilote dans ce cadre les études qui ont abouti à la création de l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD), ainsi qu’à la création d’un Programme national de recherche sur le palmier à huile (PNRPH), d’un Programme national de recherche sur l’Hévéa (PNRH), et à la mise en place du Centre régional de recherches sur Bananiers et Plantains (CARBAP). L’expertise acquise dans la planification stratégique lui vaut d’être désigné Secrétaire général de la Conférence des Ministres de la recherche-développement d’Afrique de l’Ouest et du Centre (COMRED/AOC) et d’être choisi en 1999 comme speaker à la Conférence mondiale de l’UNESCO sur la Science au 21ème siècle (Budapest).

Ses recherches se poursuivent et sont valorisées avec la publication de nombreux articles, de dizaines de préfaces ou postfaces, et d’une dizaine de livres sur des thèmes, questions et enjeux clés des traditions orales et civilisations africaines, notamment la religion, le voyage, le Mythe, la maturité, la création et l’esthétique littéraires traditionnelles, les rites de passage et la convivialité, la pédagogie et la découverte, les langues et les politiques linguistiques. Ses efforts de consignation par écrit de grandes œuvres traditionnelles des peuples de la forêt sud-Camerounaise, notamment des Basaa, des Koozimé et des Fang-Beti, aboutissent à la publication en 2008 d’une des plus monumentales œuvres épiques de l’Afrique et du monde : Mpomo, le prince de la grande rivière Epopée nzimé du Cameroun. Histoire héroïque d’un fondateur d’Empire, l’épopée de Mpomo est une œuvre de portée symbolique, politique et philologique immense, notamment parce qu’elle achève d’illustrer un ethos et un imaginaire qui récusent la thèse longtemps dominante qui considérait l’aire bantoue comme traditionnellement caractérisée par des sociétés acéphales.

Depuis 2006, Charles Binam Bikoi est Secrétaire Exécutif du CERDOTOLA. Son leadership et les importantes réformes structurelles qu’il conduit permettent à l’institution de passer en 2010 du statut d’organisation sous-régionale de recherche-documentation au statut d’Organisation internationale africaine du patrimoine, dont le programme-cadre scientifique vise désormais l’opérationnalisation de la recherche, avec une portée panafricaine renforcée par l’adhésion de nouveaux Etats-membres et une ouverture dynamique aux Diasporas de descendance africaine. Cette transformation fait du CERDOTOLA une organisation prééminente de préservation, de promotion et de valorisation des traditions et des langues africaines comme instruments de développement. Afin de permettre un soutien optimal de l’Institution aux politiques d’émergence adoptées dans les planifications nationales des Etats et à l’Agenda 2063 de l’Union africaine, le Secrétaire Exécutif du CERDOTOLA conduit actuellement l’initiative diplomatique visant à proposer à tous les Etats africains de conclure un Pacte Africain de Développement pour l’Emergence par les Traditions(PADETRA).