A l’initiative de la Fondation Omar Bongo Ondimba en partenariat avec l’UNESCO, des jeunes issus d’une quarantaine de pays africains et de la diaspora se sont réunis du 11 au 13 décembre 2014 à Libreville au Gabon autour du thème « la jeunesse africaine et le défi de la promotion d’une culture de la paix en Afrique ».

«Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix», telle est l’une des dernières recommandations de Jésus-Christ à ses disciples. Seulement plus de 2000 ans après, l’humanité n’a pas connu un seul instant de répit et demeure secouée de bout en bout par des conflits d’une intensité sans cesse croissante. L’Afrique en étant considérée comme le principal foyer du fait de la rémanence des conflits armés sur son sol, ce qui incite à penser qu’elle est le continent par excellence des guerres. C’est prenant à bras le corps l’impératif de construction et de préservation d’une société non violente, que des jeunes africains se sont réunis du 11 au 13 décembre 2014 à Libreville au Gabon autour du thème « la jeunesse africaine et le défi de la promotion d’une culture de la paix en Afrique ».

Selon les résolutions 53/243 des Nations unies proclamant la Décennie internationale de la promotion de non-violence et de la paix (2001-2010), la culture de la paix consiste en des valeurs, des attitudes et comportements qui reflètent et inspirent une interaction sociale et un esprit de partage fondés sur les principes de liberté, de justice et de démocratie, sur tous les droits de l’homme et sur la tolérance et la solidarité, une culture qui rejette la violence et s’emploie à prévenir les conflits en s’attaquant à leurs causes profondes pour résoudre les problèmes grâce au dialogue et à la négociation et qui garantit le plein exercice de tous les droits et les moyens de participer pleinement au processus de développement de la société. 

Or, l’Afrique durant cette décennie, en dépit d’être ébranlée çà et là par des conflits, connait une croissance de plus de 5% en moyenne chaque année et compte six des 10 pays ayant la plus forte croissance économique à l’instar du Nigéria et de l’Afrique du Sud. Il convient donc pour les Etats africains de tirer profit de cette croissance pour leurs populations en général et pour sa jeunesse en particulier, qui constitue la frange la plus importante de sa population –environ 65%- mais qui le plus souvent se trouve entraînée dans une spirale de conflits dont elle ignore les véritables enjeux. Et la seule alternative susceptible de contribuer à tirer pleinement profit de la croissance se trouve être la promotion d’une culture de la paix par les jeunes africains.

Dès lors, en quoi la jeunesse africaine qui constitue indéniablement une force peut-elle jouer sa partition dans l’édification de la paix aux échelles locale, nationale et continentale ? C’est  cette question qui a été débattue à Libreville. En réitérant  l’opportunité de cette rencontre, il a été rappelé que le concept de la culture de la paix dans la vie des hommes est un besoin fondamental. C’est ce qu’exprimait le Président Félix Houphouët Boigny par « La paix n’est pas un mot, c’est un comportement », lors du congrès international sur « la paix dans l’esprit des hommes » qui s’est tenu à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire le 26 juin 1989. Seulement, 25 ans plus tard, la culture de la paix est-elle effective en Afrique ? Surtout quand on sait que le développement de toute collectivité est tributaire d’un état de stabilité durable.

Placé sous le haut patronage de S.E Monsieur Ali Bongo Ondimba, Chef de l’Etat Gabonais, le lancement officiel du Réseau, s’est fait le 13 décembre 2014 en présence de Madame Pascaline Mferri Bongo Ondimba, Présidente d’honneur de la Fondation Omar Bongo Ondimba,  Madame Ida Reteno Assonouet, Ministre de l’Education nationale et de l’Enseignement Technique et Professionnel, Présidente de la Commission Nationale Gabonaise pour l’UNESCO, Monsieur Anatole Collinet Makosso, Ministre congolais de la Jeunesse et de l’Instruction Civique et président en exercice du Comité technique spécialisé de la jeunesse, de la culture et des sports de l’Union Africaine, Madame Rosa Christiane Ossouka Raponda, Maire de Libreville, ainsi que Monsieur Forest Whitaker, Envoyé Spécial de l’UNESCO pour la paix et la réconciliation.

La réunion de Libreville 2014, au-delà de servir de cadre à la constitution d’un réseau « jeunesse africaine et culture de la paix » (1), aura été un moyen pour cette jeunesse de mieux s’approprier la campagne « agissons pour la paix » (2). Ainsi interpellée, la jeunesse africaine s’est dite consciente du grand rôle qu’elle a à jouer dans le maintien de la paix et de la stabilité du continent africain.

Le CERDOTOLA, qui a pris part à ce forum en qualité de membre du réseau des fondations et d’institutions de recherche pour la promotion d’une culture de la paix en Afrique, a tenu à placer la promotion des valeurs culturelles au cœur de la quête de la paix par les jeunes. Car, la thématique de l’instrumentalisation de la culture dans la recherche de la paix, développée au cours d’activités culturelles reste au cœur des préoccupations de l’Institution. De même, la charte culturelle de l’Afrique, signée en 1976 à l’île Maurice souligne que l’Afrique ne pourra trouver la voie de son développement et de son émancipation sans mettre en valeur son patrimoine culturel. La recommandation est claire, les peuples africains désorientés par plusieurs décennies d’un colonialisme nihiliste et dévalorisant auraient un avantage considérable à réhabiliter et à mettre à profit le génie ancestral. Peut-on en effet savoir où l’on va, si on ne sait d’où l’on vient ?

Ce qui revient à dire que, le continent africain, même s’il est caractérisé par de forts mouvements de violence, n’est pas naturellement enclin aux conflits, la stabilité des sociétés africaines a toujours été  assurée par des institutions et des rites qui garantissent un certain équilibre. La médiation est le mode privilégié de résolution des conflits (arbre à palabre), le cadre favorable pour instruire et vider les contentieux ; un proverbe africain disant à ce propos que « Dans la forêt, quand les branches des arbres se querellent, leurs racines s’embrassent ». La famille africaine a toujours été le moyen idéal pour l’éducation de la paix à travers les contes, les proverbes et autres genres littéraires. La paix étant consolidée à travers les relatons issues des liens du sang, des alliances matrimoniales, les pactes, les pratiques sociales. Un retour et une pleine connaissance de cette richesse par les jeunes s’impose avec acuité.

Dans le même élan, le  Professeur Jean Noël LOUCOU, Secrétaire Général du réseau rend grâce à l’audace des jeunes et promet un accompagnement du réseau jeunesse, qui permettra de définir une vision de pratiques communes et de mutualiser les moyens d’action pour aboutir à des résultats efficients. De ce fait, la collaboration entre les deux réseaux devrait à coup sûr aboutir à un partenariat institutionnel à travers la formation et le développement de thématiques de recherche sur la paix. Il exhorte en outre le réseau jeunesse à multiplier des cadres de réflexion à travers le continent.

Le Forum a également mis à l'honneur le renforcement du partenariat avec la Fondation « Whitaker Peace and Development Innitiative (WPDI), visant à promouvoir la capacité des jeunes à œuvrer à la paix et au développement dans leurs communautés au sein des pays en situation vulnérable.

 

La jeunesse africaine s’est dite consciente des défis qui l’attendent et s’engage à contribuer non seulement à l’épanouissement du réseau dont le secrétariat général sera basé à Libreville au Gabon mais bien plus à soutenir toute initiative de paix à travers le continent.

 

Pj : Télécharger la déclaration de Libreville

                                                                                                                

———————- Liens et Ressources ——————–

 

  1. Réseau de fondations et d'institutions de recherche pour la promotion de la culture de la paix en Afrique (Addis-Abeba, Ethiopie, 20 septembre 2013)

http://www.unesco.org/new/fr/africa/priority-africa/culture-of-peace-in-africa/reseau-institutions/

A l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la paix (21 septembre 2013), les représentants de 26 fondations et institutions de recherche travaillant dans le domaine de la paix en Afrique se sont réunis les 20 et 21 septembre au Siège de l’Union Africaine à Addis Abeba, en Ethiopie. Des organisations, dont les sièges se trouvent dans une vingtaine de pays du continent africain, ont décidé de se constituer en réseau afin de coordonner leurs actions respectives et mettre en œuvre des projets communs. Cette réunion faisait partie des mesures de suivi du Forum panafricain « Sources et ressources pour une culture de la paix » qui s’est déroulé en mars 2013, à Luanda (Angola). Ce Forum avait donné lieu à l’adoption d’un Plan d’action en faveur de la culture de la paix en Afrique et au lancement d’un Mouvement panafricain, en suscitant la naissance de campagnes de sensibilisation et de mobilisation au niveau national sous la devise « Agissons pour la paix ».

 

  1. Recommandation du Forum Panafricain « Sources et ressources pour une culture de la paix »

http://www.unesco.org/new/fr/africa/resources/events/africa4peace/

Du 26 au 28 mars 2013 s’est tenu à Luanda (Angola), le Forum Panafricain « Sources et ressources pour une culture de la paix », conjointement organisé par l’UNESCO, l’Union africaine et le gouvernement de l’Angola.   Ce Forum a permis de réunir des personnalités de haut niveau, tel que le président de la République de l’Angola, S.E. M. José Eduardo Dos Santos, la Directrice générale de l’UNESCO, Mme Irina Bokova, le Vice président de la Commission de l’Union africaine, S.E. M. Erastus Mwencha, l’ancien Président du Mozambique, S.E. M. Joaquim Chissano l’ancien Directeur général de l’UNESCO, Mr Federico Mayor Zaragoza, ainsi que des experts et des représentants d’organisations régionales et internationales, d’Etats membres, d’ONG, du secteur privé et de la société civile en provenance de 43 africains ainsi que d’autres participants venants d’autres pays en dehors de l’Afrique.

 

Cf. Communication du Pr. Charles BINAM-BIKOI – Secrétaire exécutif, du CERDOTOLA

‘‘Afrique et culture de la paix : une relation à décomplexer’’  (Rapport Général. P. 57)

http://unesdoc.unesco.org/images/0022/002255/225572f.pdf